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Signaux cérébraux sonores : Comment le cerveau schizophrène interprète mal le monde

±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 2 April 2014

Les schizophrènes interprètent souvent mal le monde qu’ils voient et ressentent. Une nouvelle Ă©tude donne un aperçu des mĂ©canismes du cerveau qui pourraient ĂŞtre Ă  l’origine de cette interprĂ©tation erronĂ©e. L’étude menĂ©e Ă  l’Institut et hĂ´pital neurologiques de MontrĂ©al, le Neuro, de l’UniversitĂ© Â鶹AV et du Centre universitaire de santĂ© Â鶹AV rĂ©vèle que certaines erreurs dans la perception visuelle chez les schizophrènes coĂŻncident avec une interfĂ©rence, ou « bruit », dans un signal cĂ©rĂ©bral prĂ©cis – la dĂ©charge corollaire. Les dĂ©charges corollaires s’observent dans l’ensemble du règne animal, des insectes aux poissons aux humains, et passent pour ĂŞtre cruciales dans le suivi de ses propres actes.Ěý L’étude, publiĂ©e dans l’édition du 2 avril de Journal of Neuroscience, identifie chez les schizophrènes une dysfonction de la dĂ©charge corollaire qui pourrait aider au diagnostic et au traitement de cette maladie complexe. L’étude a Ă©tĂ© menĂ©e en collaboration avec les chercheuses Veronica Whitford, Gillian O’Driscoll et Debra Titone du DĂ©partement de psychologie de l’UniversitĂ© Â鶹AV.

« Une dĂ©charge corollaire est une copie d’un message du système nerveux transmise Ă  d’autres parties du cerveau, afin de nous rendre conscients que nous effectuons quelque chose », explique le P°ůĚýChristopher Pack, neuroscientifique au Neuro et chercheur principal de l’étude.Ěý « Par exemple, si nous dĂ©sirons remuer un bras, l’aire motrice du cerveau envoie aux muscles un signal de produire un mouvement. Une copie de cette commande, qui est la dĂ©charge corollaire, est envoyĂ©e Ă  d’autres rĂ©gions du cerveau pour les informer de l’imminence du mouvement. Si vous dĂ©placiez votre bras, sans qu’il y ait de signal de dĂ©charge corollaire, vous pourriez prĂ©sumer qu’une autre personne est en train de remuer votre bras. Il en va de mĂŞme pour la formulation de pensĂ©es : sans dĂ©charge corollaire, vous pourriez prĂ©sumer qu’une autre personne a plantĂ© la pensĂ©e dans votre esprit. La dĂ©charge corollaire assure la communication entre les diffĂ©rentes zones du cerveau, pour que nous soyons conscients que nous sommes en train de remuer le bras, de parler ou de penser Ă  nos propres pensĂ©es.Ěý»

La schizophrĂ©nie est une maladie qui interfère avec la capacitĂ© de penser clairement et de gĂ©rer les Ă©motions. Les schizophrènes attribuent souvent leurs propres pensĂ©es et actes Ă  des sources externes, comme dans le cas d’hallucinations auditives. Parmi d’autres symptĂ´mes courants figurent le dĂ©lire et une .Ěý

Selon de rĂ©centes Ă©tudes, une dĂ©charge corollaire altĂ©rĂ©e peut ĂŞtre Ă  l’origine de certains de ces symptĂ´mes. Or, la nature de cette anomalie Ă©tait inconnue. Dans leur Ă©tude, le P°ůĚýPack et ses collègues (dont Alby Richard, rĂ©sident en neurologie au Neuro) ont utilisĂ© un test appelĂ© tâche de localisation pĂ©risaccadique pour Ă©tudier l’activitĂ© de dĂ©charge corollaire. Les sujets testĂ©s doivent faire des mouvements oculaires rapides pour suivre un point sur un Ă©cran d’ordinateur. Ils doivent en mĂŞme temps localiser des stimuli visuels qui apparaissent brièvement Ă  l’écran de temps Ă  autre. Pour effectuer cette tâche correctement, les sujets doivent savoir oĂą ils regardent Ă  l’écran – bref, utiliser les signaux de dĂ©charge corollaire qui viennent des structures cĂ©rĂ©brales contrĂ´lant les muscles oculaires.

Les rĂ©sultats montrent que les schizophrènes arrivaient moins bien Ă  dĂ©terminer oĂą ils regardent. Par consĂ©quent, ils ont fait plus d’erreurs dans l’estimation de la position des stimuli qui clignotaient Ă  l’écran. « Ce qui est intĂ©ressant et potentiellement important sur le plan clinique, c’est que le profil d’erreurs des patients Ă©tait en corrĂ©lation avec l’étendue de leurs symptĂ´mes », de prĂ©ciser le P°ůĚýPack. « C’est particulièrement intĂ©ressant vu que les circuits contrĂ´lant les mouvements oculaires comptent les structures les mieux comprises du cerveau. Nous sommes donc optimistes de pouvoir arriver jusqu’à la base biologique des effets de dĂ©charge corollaire Ă  partir des donnĂ©es comportementales. Nous avons commencĂ© ce processus grâce Ă  la modĂ©lisation informatique. Nous arrivons Ă  convertir de façon mathĂ©matique la dĂ©charge corollaire d’un sujet tĂ©moin sain en celle d’un schizophrène, en y ajoutant bruit et alĂ©atoire. Ce n’est pas que les schizophrènes sont dĂ©pourvus de dĂ©charge corollaire ou qu’ils aient une dĂ©charge corollaire avec une amplitude Ă  retardement ou plus faible. C’est plutĂ´t qu’ils semblent surtout avoir un signal de dĂ©charge corollaire bruyant. Ce test visuel est très simple Ă  rĂ©aliser et très sensible aux diffĂ©rences individuelles.Ěý»

L’étude montre que les schizophrènes font de plus grandes erreurs dans la localisation de stimuli visuels par rapport aux témoins. Ces résultats pourraient s’expliquer par le signal de décharge corollaire, qui prédit aussi la gravité des symptômes des patients, tendant à indiquer un fondement possible pour certains des symptômes les plus courants de la schizophrénie.

Ces travaux ont été subventionnés par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, la Brain & Behavior Research Foundation (NARSAD) et la Fondation EJLB.

Le Neuro

L’Institut et hĂ´pital neurologiques MontrĂ©al – le Neuro, est un centre mĂ©dical universitaire unique qui se consacre aux neurosciences. FondĂ© en 1934 par l’éminent neurochirurgien Wilder Penfield, le Neuro a acquis une renommĂ©e internationale pour son intĂ©gration de la recherche, de ses soins exceptionnels aux patients et de sa formation spĂ©cialisĂ©e, essentiels Ă  l’avancement de la science et de la mĂ©decine. Ă€ la fois institut de recherche et d’enseignement de l’UniversitĂ© Â鶹AV, le Neuro constitue l’assise de la mission en neurosciences du Centre universitaire de santĂ© Â鶹AV.Ěý Les chercheurs du Neuro sont des chefs de file reconnus mondialement pour leur expertise en neurosciences cellulaire et molĂ©culaire, en imagerie du cerveau, en neurosciences cognitives, ainsi que dans l’étude et le traitement de l’épilepsie, de la sclĂ©rose en plaques et de troubles neuromusculaires. Pour tout renseignement, veuillez consulter leneuro.com.

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