Des chercheurs découvrent que la voie génétique est responsable de la croissance des cellules dans le cancer du sein
Des chercheurs du CUSM ont progressé à grands pas dans la connaissance du mécanisme par lequel l'œstrogène, hormone féminine, cause la croissance des cellules dans le cancer du sein. Cette recherche, menée en collaboration avec d'autres chercheurs de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), identifie 153 gènes réagissant à l'œstrogène et un gène particulier qui peut être utilisé pour stopper la croissance cellulaire dans le cancer du sein. Publiée aujourd'hui dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), l'étude orientera les recherches à venir sur une thérapie du cancer du sein.
« Nous savons depuis très longtemps que l'œstrogène cause la croissance des cellules dans le cancer du sein », dit le Dr Vincent Giguère, chercheur principal. « C'est ce qui a poussé les oncologues à utiliser les anti-œstrogènes comme médicaments dans les formes les plus courantes du cancer du sein. » Ce qui reste un mystère, toutefois, c'est le mécanisme moléculaire par lequel l'œstrogène provoque la croissance des cellules cancéreuses du sein. « Tant que ce mystère subsistera, nous n'aurons pas avancé dans la découverte des moyens de prévenir et de guérir le cancer du sein », a noté le Dr Giguère.
Au cours des vingt dernières années, les chercheurs ont identifié une vingtaine de gènes stimulés par l'œstrogène qui jouent un rôle dans le développement du cancer du sein. « C'est en moyenne un gène par année », dit le Dr Giguère. « Faisant appel à une nouvelle technique de pointe directement issue du programme du génome humain, la présente étude enrichit ce total de plus de cent gènes. »
Grâce à des informations obtenues du programme du génome humain, la technique a permis de créer un nouveau type de puce à ADN contenant les séquences partielles d'ADN d'environ 19 000 gènes. L'équipe du Dr Giguère est parvenue à localiser l'endroit où le récepteur de l'œstrogène se lie au génome des cellules cancéreuses du sein, ce qui a permis d'identifier en une seule expérience un grand nombre de gènes réagissant à cette hormone. « Initialement mise au point pour l'étude de la levure, cette technique offre maintenant la possibilité d'identifier rapidement, à l'échelle du génome, les gènes en cause dans la réponse des cellules normales et cancéreuses aux hormones naturelles et aux médicaments », dit le Dr François Robert, de l'IRCM, co-auteur de l'étude.
La découverte d'un gène désigné FOXA1, connu comme facteur de transcription, revêt une importance particulière. « On peut considérer le FOXA1 comme facilitant l'action de l'œstrogène sur les cellules cancéreuses », dit Josée Laganière, étudiante au doctorat au CUSM et auteure principale de l'article. « On trouve dans le cancer du sein des tumeurs exprimant le récepteur de l'œstrogène. » Dans leur étude, les chercheurs ont établi que le gène FOXA1 était nécessaire au récepteur de l'œstrogène pour que celui-ci active la croissance des cellules du cancer du sein.
« Par inactivation du gène FOXA1 dans des cultures cellulaires en laboratoire, nous avons pu bloquer l'effet stimulateur de croissance de l'œstrogène et stopper ainsi la croissance des cellules cancéreuses du sein », dit le Dr Giguère. Les chercheurs ont découvert dans le FOXA1 une nouvelle cible qui touche le développement du cancer du sein. Concrètement, les efforts peuvent désormais s'orienter vers la mise au point d'une stratégie thérapeutique plus précise qui s'appuie sur ce gène. « Le problème général des médicaments anticancéreux est que, souvent, ils ne sont pas ciblés, ce qui explique que les patients éprouvent des effets secondaires », note le Dr Giguère. « Plus les médicaments sont ciblés, moins ils entraînent d'effets secondaires et meilleures sont les chances de guérir la maladie. »
« La recherche ciblant des molécules individuelles associées à la pathogenèse du cancer a produit des résultats cliniques positifs », dit le Dr Joseph Ragaz, directeur du Programme d'oncologie du CUSM. « Les données scientifiques de la recherche sur des agents comme le Gleevac dans la leucémie, l'Avastin dans le cancer colorectal et, plus récemment, l'Herceptin dans le cancer du sein, confirment que les efforts de chercheurs comme le Dr Giguère et les membres de son équipe sauvent des vies et épargnent de l'argent. Ces liens entre la recherche et les soins de santé constituent l'une des forces des établissements hospitaliers universitaires comme le CUSM. »
L'Institut de recherche du Centre universitaire de santé Â鶹AV (IR du CUSM) est un centre de recherche hospitalo-universitaire de réputation mondiale dans les sciences biomédicales et les sciences de la santé. Établi à Montréal, au Québec, il constitue la base de recherche du CUSM, centre hospitalier universitaire affilié à la Faculté de médecine de l'Université Â鶹AV. L'Institut compte plus de 500 chercheurs, près de 1 000 étudiants diplômés et postdoctorants et plus de 300 laboratoires de recherche consacrés à un large éventail de domaines de recherche, fondamentale et clinique. L'Institut de recherche est à l'avant-garde des connaissances, de l'innovation et de la technologie. La recherche de l'Institut est étroitement liée aux programmes cliniques du CUSM, ce qui permet aux patients de bénéficier directement des connaissances scientifiques les plus avancées. Pour de plus amples renseignements, consulter le .
Le Centre universitaire de santé Â鶹AV (CUSM) est un centre hospitalier universitaire intégré, reconnu à l'échelle internationale pour l'excellence de ses programmes cliniques, de sa recherche et de son enseignement. Il est issu de la fusion de cinq hôpitaux d'enseignement affiliés à la Faculté de médecine de l'Université Â鶹AV : l'Hôpital de Montréal pour enfants, l'Hôpital général de Montréal, l'Hôpital Royal Victoria, l'Hôpital et l'Institut neurologiques de Montréal et l'Institut thoracique de Montréal. Misant sur le leadership médical acquis des hôpitaux fondateurs, le CUSM a pour objectif d'assurer aux patients des soins fondés sur les connaissances les plus avancées dans le domaine de la santé et de contribuer au progrès des connaissances.