Les tests pour l’allergie aux antibiotiques
Les tests cutanés utilisés pour prédire les allergies à l'amoxicilline seraient inefficaces, selon une étude réalisée par des chercheurs montréalais
Les tests cutanés habituellement utilisés pour prédire les allergies à l’amoxicilline, l’un des antibiotiques les plus prescrits chez l’enfant, s’avèrent inefficaces. C’est ce que révèle une nouvelle étude dirigée par une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé Â鶹AV (IR-CUSM) à Montréal. Les résultats, publiés cette semaine dans la revue scientifique JAMA Pediatrics, ont démontré que le test de provocation par voie orale, accompagné d’un suivi approprié, était une méthode de dépistage plus efficace et plus sécuritaire pour diagnostiquer les réactions à l’amoxicilline qui sont jugées sans danger pour les enfants.
« D’après notre étude, les tests cutanés ont peu de valeur diagnostique. Nous devrions passer immédiatement au test de provocation à dose progressive, qui est plus significatif et spécifique », affirme l’auteur principal de l’étude, Dr Moshe Ben-Shoshan, allergologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM (HME-CUSM) et professeur adjoint de pédiatrie à l’Université Â鶹AV. Les médecins pourraient ainsi modifier leur mode d’évaluation de l’allergie à l’amoxicilline chez l’enfant, car les tests cutanés sont des méthodes de dépistage encore recommandées en milieu hospitalier.Â
Les tests de provocation, qui sont effectués à l’aide de l’allergène présumé (p. ex., le pollen, l’aliment ou le médicament), consistent à faire ingérer au patient l’allergène en quantités croissantes. Ces tests de provocation sont réalisés à l’hôpital ou à la clinique, où les patients sont sous surveillance médicale et où les graves réactions peuvent être prises en charge en toute sécurité.
Jusqu’à 10 % des enfants développent des éruptions cutanées lorsqu’ils prennent un antibiotique. « La majorité sont diagnostiqués comme allergiques à l’antibiotique en question, sans évaluation supplémentaire, explique le Dr Ben-Shoshan qui est également un chercheur au sein du programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale de l’IR-CUSM. La plupart des patients évitent dès lors de prendre cet antibiotique et utilisent d’autres produits, parfois moins efficaces, plus toxiques et plus coûteux. »
Les chercheurs ont réalisé la plus vaste étude du genre pour évaluer l’utilisation d’un test de provocation chez des enfants qui avaient consulté à cause d’une éruption attribuée à une allergie à l’amoxicilline. Ils ont évalué 818 enfants qui avaient consulté à la clinique d’allergies de l’HME-CUSM entre mars 2012 et avril 2015. Contrairement aux études menées ultérieurement, tous les enfants ont reçu, pour celle-ci, un test de provocation graduelle. Les chercheurs ont constaté que 94,1 % d’entre eux toléraient le test de provocation graduelle à l’amoxicilline. Parmi tous les enfants qui ont participé à l’étude, seulement 17 ont eu une réaction positive immédiate à l’amoxicilline, et seulement l’un d’entre eux a obtenu un résultat positif au test cutané. En effet, pour beaucoup d’antibiotiques (incluant l’amoxicilline), les tests cutanés présentent un taux de faux négatifs ou de faux positifs élevé. Trente et un enfants ont présenté des réactions non immédiates, qui se sont manifestées plus d’une heure après le test. Toutes les réactions non immédiates étaient bénignes, et prenaient surtout la forme d’éruptions cutanées.
« Notre étude est la première à utiliser le test de provocation pour déterminer le pourcentage d’allergies immédiates et non immédiates à l’amoxicilline chez tous les enfants qui consultent à cause d’une éruption attribuée à l’amoxicilline, déclare le Dr Ben-Shoshan. De plus, nous avons démontré que, chez les enfants qui avaient obtenu un résultat négatif au test de provocation, l’amoxicilline pouvait continuer à être utilisée en toute sécurité, même si moins de 10 % pouvaient présenter des symptômes cutanés légers s’ils y étaient exposés de nouveau. »
D’après les chercheurs, d’autres études doivent être menées pour évaluer les facteurs liés à certains résultats du test de provocation, et ils devront notamment examiner une association spécifique avec des marqueurs génétiques pour mieux préciser le futur risque de réactions allergiques aux antibiotiques.
Au sujet de l’étude
³¢â€™Ã©t³Ü»å±ð a été coécrite par Christopher Mill, Marie-Noël Primeau, Elaine Medoff, Christine Lejtenyi, Elena Netchiporouk, Alizee Dery, et Moshe Ben-Shoshan du Centre universitaire de santé Â鶹AV, Montréal, Québec, Canada; et par Andrew O’Keefe du Memorial University, St John’s, Terre-Neuve-et-Labrador, Canada.