Marcher ou ne pas marcher? LĂ est la question
Des chercheurs de Â鶹AV et de Concordia Ă©tudient le rĂ´le du climat sur le nombre de piĂ©tons
Les Canadiens ne sont apparemment pas les seuls Ă se soucier de la mĂ©tĂ©o. Une nouvelle Ă©tude des universitĂ©s Â鶹AV et Concordia a observĂ© les piĂ©tons de neuf villes du monde et dĂ©couvert en effet que ceux-ci sont moins susceptibles de marcher lorsque les tempĂ©ratures sont nĂ©gatives, ou encore lorsqu’il pleut ou qu’il neige trop. PubliĂ©e dans la revue Environment and Behavior, cette Ă©tude s’est dĂ©roulĂ©e pendant 170 jours, de la fin de l’automne au dĂ©but de l’étĂ©.
« Une augmentation de 5 degrĂ©s Celsius entraĂ®ne une hausse de 14 % du nombre de piĂ©tons, explique Luc de Montigny, diplĂ´mĂ© de l’UniversitĂ© Concordia (BA 1995), chercheur postdoctoral au DĂ©partement d’épidĂ©miologie, de biostatistique et de santĂ© au travail de l’UniversitĂ© Â鶹AV et auteur principal de l’étude. Dans un mĂŞme ordre d’idĂ©es, le passage de la neige Ă un temps sec s’accompagne d’un accroissement de 23 % du trafic piĂ©tonnier. »
Neuf villes, dont la population varie entre 18 000 et 1,2 million d’habitants, ont été observées : Santa Cruz aux Canaries; Kilmarnock et Glasgow en Écosse; Roussé en Bulgarie; Gliwice en Pologne; Oulu et Jakobstad en Finlande; Sion en Suisse; et Ithaca aux États-Unis. De novembre à mai, le trafic piétonnier dans ces villes a été examiné entre 7 heures et 17 heures.
« Toutes les villes observées dans le cadre de notre recherche sont situées dans l’hémisphère Nord, dans des zones climatiques tempérées, explique John Zacharias, professeur au Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement de l’Université Concordia et directeur de l’étude. Pourtant, ces villes présentent des conditions météorologiques locales assez différentes, allant d’un temps hivernal enneigé à Oulu à un climat relativement doux toute l’année aux Canaries. »
En effet, les températures aux Canaries chutent rarement en deçà de 15 degrés Celsius, alors qu’Oulu est la ville la plus froide de l’échantillon, avec une température moyenne négative. Les jours de précipitations varient considérablement d’un lieu à l’autre, Kilmarnock et Glasgow comptant près de cinq fois plus de jours de pluie que Sion ou Ithaca.
« Les précipitations ont de loin l’effet le plus important sur le trafic piétonnier. Les principales diminutions ont été observées à Roussé, où le nombre de piétons a baissé de 42 % par temps de pluie, explique le professeur Zacharias, qui fait également remarquer que la circulation piétonnière dans la plupart des villes s’est amoindrie de 32 % en moyenne les jours de pluie et de neige. Inversement, nous avons observé une augmentation significative et sensible du flux piétons lorsqu’il ne pleut ou ne neige pas. Une hausse de 5 % de l’ensoleillement s’accompagne d’un accroissement de 2 %du nombre de piétons. »
« Par ailleurs, une faible température de l’air influe beaucoup moins sur le nombre de piétons qu’on ne pourrait s’y attendre pour des villes au climat tempéré et nordique », ajoute Luc de Montigny.
Une promenade sous l’œil de Big Brother?
Les données ont été recueillies à l’aide de caméras fixes en circuit fermé dont l’objectif était dirigé sur des places, des squares et des parcs publics. Même si les piétons ne savaient pas nécessairement qu’ils étaient filmés, Luc de Montigny insiste sur le fait que toutes les caméras de sécurité sont publiques et accessibles sur Google : « La faible résolution des caméras, ainsi que l’éloignement des piétons, ont permis de préserver l’anonymat des personnes filmées. »
Les auteurs affirment qu’il y aurait plus de piétons dans les rues si les urbanistes aménageaient des quartiers qui tempèrent les variations climatiques extrêmes et s’ils utilisaient des revêtements de surface propices à la marche. Un déneigement rapide et un système d’évacuation efficace des eaux encourageraient également la circulation piétonnière.
« Compte tenu de l’augmentation des taux d’obésité partout dans le monde, notre étude apporte des données qui démontrent que les gens marchent lorsqu’ils sont préparés aux conditions météorologiques, explique Luc de Montigny. La marche à pied ne demande pas vraiment de changements majeurs aux habitudes de vie et cette activité pourrait être encouragée pour peu que les conditions propices à son exécution soient optimales. »
À propos de l’étude :
L’article « The Effects of Weather on Walking Rates in Nine Cities », publiĂ© dans la revue Environment and Behavior, est cosignĂ© Luc de Montigny de l’UniversitĂ© Â鶹AV, et Richard Ling et John Zacharias de l’UniversitĂ© Concordia.
Liens :
·   Étude citée :
·   Département de géographie, d’urbanisme et d’environnement de Concordia :
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