Votre corps se recyclant lui-même, capturé sur pellicule
Une découverte montre comment les cellules
déterminent ce qu’elles doivent recycler, dévoilant ainsi le secret
d’une maladie débilitante
Notre corps recycle les protéines, les composantes corporelles qui
permettent la croissance et la progression cellulaires. Les
protéines sont constituées d’une chaîne d’aminoacides et, depuis
les années 1980, les scientifiques savent que le premier maillon de
cette chaîne détermine la durée de vie d’une protéine. Des
chercheurs mcgillois ont enfin découvert comment la cellule
identifie ce premier aminoacide, et ils en ont capté le processus Ã
la caméra.
« Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les cellules
recyclent les protéines, notamment le jeûne, qui entraîne une perte
musculaire, une croissance et un remodelage pendant le
développement, et un remplacement normal, au fur et à mesure que
les nouvelles protéines remplacent les anciennes », a expliqué le
chercheur principal, le professeur Kalle Gehring, du Département de
biochimie de l’Université Â鶹AV. « Les cellules déterminent
quelles protéines doivent subir une dégradation, entre autres,
grâce à la présence d’un signal connu sous le nom de N-degron et se
situant au codon d’initiation de la protéine. Grâce à une
cristallographie aux rayons X, nous avons découvert que la boîte de
dégradation de la protéine ubiquitine-ligase E3, une composante du
système de recyclage des cellules, reconnaît le N-degron. » Cette
puissante technique rend possible la détection de l’endroit exact
où se trouvent les atomes, et a permis à l’équipe de capturer une
image de la boîte de la protéine ubiquitine-ligase E3, fournissant
des renseignements sur cette partie essentielle, bien
qu’incroyablement minuscule, des mécanismes chimiques du
corps.
En plus de représenter une avancée de premier plan dans notre
compréhension du cycle de vie des protéines, la recherche a
d’importantes répercussions en ce qui a trait au traitement du
syndrome de Johanson-Blizzard, une maladie rare qui entraîne des
malformations et un retard mental. Ce syndrome est causé par une
mutation qui se produit dans la boîte de dégradation de la protéine
ubiquitine-ligase E3, et qui lui fait perdre un atome de zinc
essentiel. Une meilleure compréhension de la structure de la boîte
de dégradation de la protéine ubiquitine-ligase E3 pourrait aider
les chercheurs à mettre au point des traitements relatifs à ce
syndrome.
Financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, la
recherche a été publiée dans Nature Structural & Molecular
Biology.