Experte : Les Canadiens qui cherchent à tourner la page organisent enfin les funérailles retardées par la pandémie
Choc, colère, indignation; les endeuillés ont vécu et continuent de vivre une panoplie d’émotions. Une situation qui s’explique notamment par le manque d’ancrage des décès survenus depuis mars 2020. Si le nombre de décès quotidiens en raison de la COVID-19 a beaucoup diminué depuis les premières vagues, la pandémie continue d’avoir un impact majeur sur les endeuillés. ()
Voici une experte de l’Université Â鶹AV qui peut s’exprimer à ce sujet :
Mary Ellen Macdonald, professeur agrégée, Faculté de médecine dentaire et des sciences de la santé orale, Division de la santé bucco-dentaire et de la société
« Bien que la pandémie ait augmenté le nombre de personnes en deuil, elle n'a pas fondamentalement changé le deuil en soi. Le langage suggérant que les personnes en deuil ont "mis en pause" ou "cessé" leur deuil pendant la pandémie déforme leurs expériences. Il est certain que les pratiques de deuil ont été interrompues par la pandémie, mais le deuil, lui, ne l'a pas été. Le deuil est permanent ; il est présent partout dans nos vies. Il ne se "clôt" pas après des funérailles. Le message selon lequel des funérailles sont nécessaires pour "libérer" le deuil, ou pour le "clore", ne fait que répéter des messages peu utiles. Les personnes en deuil sont déjà entourées de préjugés (par exemple, le deuil ne doit pas être vu dans les espaces publics, le deuil doit suivre des étapes linéaires). Même s'il sera toujours important d'honorer les morts et de célébrer une vie (par exemple par des funérailles ou la Shiv'ah), suggérer qu'un délai "interrompt" ou met le deuil "sur pause" est trop simpliste pour être bénéfique ».
Mary Ellen Macdonald est une anthropologue médicale avec une formation postdoctorale en soins palliatifs pédiatriques. Outre sa désignation à la Division de la santé bucco-dentaire et de la société au sein de la Faculté de médecine dentaire et des sciences de la santé orale, elle est affiliée à l'Unité d'éthique biomédicale, aux Départements de pédiatrie, d'oncologie et à l'École des sciences infirmières Ingram. Ses principaux intérêts de recherche sont la santé bucco-dentaire des populations vulnérables, les soins palliatifs et la recherche sur le deuil, les aspects culturels de la santé et de la maladie avec les communautés indigènes, et la recherche sur l'éducation des professions de santé.
mary.macdonald [at] mcgill.ca (anglais)