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Placebo : l'effet américain

Une nouvelle analyse des données d’essais cliniques sur des ³¾Ã©»å¾±³¦²¹³¾±ð²Ô³Ù²õ contre la douleur chronique montre une augmentation du nombre de réponses placebos au fil du temps, aux États-Unis seulement

Une nouvelle étude révèle que l’augmentation des réponses placebos pourrait jouer un rôle dans la hausse du taux d’échec des essais cliniques portant sur des ³¾Ã©»å¾±³¦²¹³¾±ð²Ô³Ù²õ conçus pour soulager la douleur chronique causée par des lésions nerveuses.

±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 6 October 2015

Fait étonnant toutefois, l’analyse des données d’essais cliniques réalisés depuis 1990 a révélé que l’augmentation du nombre de réponses placebos n’a été observée que dans le cas des essais effectués entièrement aux États-Unis; aucun changement dans le nombre de réponses placebos n’est survenu au cours de cette période dans le cas des essais menés en Europe ou en Asie.

Dans un article accepté aux fins de publication dans la revue scientifique Pain, des chercheurs de l’Université Â鶹AV, à Montréal, ont analysé les résultats de 84 essais cliniques sur des ³¾Ã©»å¾±³¦²¹³¾±ð²Ô³Ù²õ réalisés aux quatre coins du monde de 1990 à 2013. Au cours de cette période, le soulagement de la douleur ressentie par les patients des groupes placebos a connu une augmentation soutenue, le niveau de douleur chez les sujets ayant diminué de 30 % en moyenne en 2013. Des augmentations similaires du nombre de réponses placebos avaient déjà été observées dans le cadre d’études d’essais cliniques sur des antidépresseurs et des antipsychotiques. Toutefois, ces études n’avaient pas permis de préciser que les États-Unis étaient à l’origine de cette tendance.

Des essais cliniques plus longs et plus importants

Les auteurs ont examiné les caractéristiques des essais cliniques afin de déterminer quels facteurs pouvaient être à l’origine des changements observés au fil du temps. Ils ont découvert qu’aux États-Unis, mais pas dans les autres pays, les essais étaient plus longs (de quatre semaines en moyenne en 1990 à 12 semaines en 2013) et de plus grande envergure (de moins de 50 patients en moyenne en 1990 à plus de 700 patients en moyenne en 2013).



« Ces données suggèrent que des essais plus longs et de plus grande envergure sont associés à davantage de réponses placebos », explique Jeffrey Mogil, titulaire de la Chaire de recherche sur la douleur E.-P. Taylor à l’Université Â鶹AV et auteur principal de ce nouvel article. « Une telle situation tend à se traduire par l’échec de ces essais cliniques, puisqu’il devient plus difficile pour les sociétés pharmaceutiques de prouver que le médicament à l’essai est plus efficace que le placebo. »

Les Etats-Unis, à part

« Il reste à déterminer les raisons pour lesquelles les États-Unis sont un cas particulier en matière d’essais cliniques », explique Alexander Tuttle, doctorant en psychologie à Â鶹AV et coauteur principal de l’étude. Toutefois, ses coauteurs et lui ont observé des différences qui pourraient se révéler importantes entre les États-Unis et les autres pays. Ils notent parmi elles l’existence de programmes de publicité sur les ³¾Ã©»å¾±³¦²¹³¾±ð²Ô³Ù²õ destinés directement aux consommateurs aux États-Unis (la Nouvelle-Zélande est le seul autre pays au monde à autoriser une telle pratique), le nombre croissant d’organismes de recherche sous contrat à but lucratif aux États-Unis et, peut-être, une exposition plus soutenue au concept du placebo dans les médias populaires aux États-Unis.

« Plus l’amélioration de l’état des patients traités par placebo est grande, plus il devient difficile de démontrer les effets bénéfiques des analgésiques », affirme Robert H. Dworkin, professeur d’anesthésiologie, de neurologie et de psychiatrie à la Faculté de médecine et de médecine dentaire de l’Université de Rochester. Selon le professeur Dworkin, qui n’a pas participé aux travaux des chercheurs de Â鶹AV, « cette importante étude nous permet de mieux comprendre les réponses de ces groupes placebos et, par conséquent, pourrait servir de base à l’amélioration des plans de travail des essais cliniques et accélérer la mise au point d’analgésiques susceptibles d’apporter un plus grand soulagement aux patients souffrant de douleur chronique. »

Cette étude a été financée par une subvention de la Fondation Louise et Alan Edwards.

L’article intitulé « Increasing placebo responses over time in U.S. clinical trials of neuropathic pain », par Alexander H. Tuttle et coll., a été publié en ligne avant la version imprimée sur le site Web de la revue spécialisée Pain le 22 août 2015.

DOI : 10.1097/j.pain.0000000000000333

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