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Systèmes essentiels à la planète menacés

De nouvelles données et analyses suggèrent que la résilience de la planète est maintenant menacée
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 15 January 2015

«ĚýLes gens dĂ©pendent des aliments, et les aliments dĂ©pendent d’une eau propreĚý», affirme la professeureĚýElenaĚýBennett, de l’École d’environnement de l’UniversitĂ© Â鶹AV, qui a contribuĂ© Ă  l’étude grâce Ă  ses travaux sur les cycles azote/phosphore. «ĚýCes nouvelles donnĂ©es rĂ©vèlent que notre capacitĂ© Ă  produire dans l’avenir des quantitĂ©s suffisantes de nourriture et de disposer d’eau potable et d’eau propre pour la baignade est menacĂ©e.Ěý»

Cette étude, dans laquelle les chercheurs ont fixé de nouvelles limites planétaires (au-delà desquelles se produiront des changements environnementaux soudains et irréversibles), a fait l’objet d’un article publié aujourd’hui dans la revue spécialisée Science. Elle suggère que de tels changements touchant le climat de la Terre, l’intégrité de la biosphère (un concept englobant la perte de la biodiversité et la disparition des espèces) et le système terrestre (en raison de la déforestation, par exemple) constituent un risque pour les sociétés actuelles et futures. Le quatrième système sensiblement menacé est constitué par les cycles azote/phosphore, qui ont une incidence à la fois sur l’eau que nous consommons et notre capacité à produire des aliments.

Deux enjeux sous-tendent l’état des cycles azote/phosphore. Ces deux Ă©lĂ©ments sont essentiels Ă  la vie vĂ©gĂ©tale et animale. Or, le phosphore, utilisĂ© comme engrais pour les champs et les pelouses, n’est disponible qu’en quantitĂ© limitĂ©e, et les stocks dont nous disposons sont concentrĂ©s sur les plans gĂ©ographique et politique. En effet, près de 90Ěý% des rĂ©serves connues de phosphore se trouvent dans trois pays seulementĚý: la plus grande partie est concentrĂ©e au Maroc, la Chine et l’AlgĂ©rie Ă©tant les deux autres principaux producteurs.

En outre, les rĂ©sidus d’engrais Ă  base de phosphore rejetĂ©s dans les lacs peuvent avoir des effets dĂ©sastreux sur les eaux environnantes. Ils peuvent occasionner une accĂ©lĂ©ration de la croissance des algues susceptible d’entraĂ®ner le dĂ©clin ou la disparition d’autres organismes lacustres et de produire des toxines dangereuses pour les gens ou les animaux qui se baignent dans ces lacs ou en puisent de l’eau aux fins de consommation.Ěý

«ĚýL’étĂ© dernier, environ un demi-million de rĂ©sidents de la ville de Toledo ont dĂ©couvert que leur eau potable Ă©tait contaminĂ©e par une toxine appelĂ©e microcystine. De plus, en 2007, le gouvernement du QuĂ©bec a dĂ©clarĂ© que plus de 75Ěýlacs Ă©taient contaminĂ©s par des toxines produites par les algues bleu-vertĚý», explique la professeureĚýBennett. «ĚýCe genre de problème est appelĂ© Ă  devenir de plus en plus frĂ©quent. L’accès Ă  un plus grand nombre de lacs sera interdit, nous devrons assumer des coĂ»ts plus importants pour assainir notre eau et serons confrontĂ©s de plus en plus souvent Ă  des situations temporaires oĂą notre eau ne pourra plus ĂŞtre purifiĂ©e ni consommĂ©e. VoilĂ  oĂą nous en sommes pour avoir franchi cette limite planĂ©taire. Ce n’est une bonne chose pour personne.Ěý»

La elena.bennett [at] mcgill.ca (professeure Elena Bennett), de l’École d’environnement de l’UniversitĂ©ĚýÂ鶹AV, a participĂ© Ă  l’élaboration de nouvelles mĂ©thodes d’analyse des cycles azote/phosphore, l’une des quatre limites planĂ©taires fondamentales qui, selon les scientifiques, ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© franchies. Elle est disponible pour donner des entrevues.

POINTS CLÉSĚý

  • Le concept de limites planĂ©taires a Ă©tĂ© actualisĂ© Ă  la lumière de nouvelles analyses et Ă©valuations quantitatives.
  • Les changements climatiques et l’intĂ©gritĂ© de la biosphère sont considĂ©rĂ©s comme des limites planĂ©taires fondamentales. L’altĂ©ration significative de l’une ou l’autre de ces «Ěýlimites fondamentalesĚý» «Ěýferait basculer le système terrestre dans un nouvel Ă©tatĚý».
  • Les experts estiment que quatre limites ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© franchies, l’humanitĂ© se trouvant maintenant dans une zone de dangerĚý: les changements climatiques, l’érosion de l’intĂ©gritĂ© de la biosphère (perte de la biodiversitĂ© et disparition des espèces), les modifications du système terrestre, l’altĂ©ration des flux biogĂ©ochimiques (utilisation d’engrais, cycles azote/phosphore).
  • Le dĂ©passement de ces limites augmente le risque que les sociĂ©tĂ©s actuelles et futures dĂ©stabilisent le système terrestre, soit les interactions complexes entre les sols, les ocĂ©ans, l’atmosphère, les nappes glaciaires, la vie et les hommes.
  • La limite climatique supĂ©rieure de deuxĚýdegrĂ©s reconnue internationalement se trouve au-delĂ  du niveau seuil appliquĂ© pour les changements climatiquesĚý: elle constitue donc une cible risquĂ©e pour l’humanitĂ© et, par consĂ©quent, une cible minimale absolue pour les nĂ©gociations mondiales sur le climat.

Les neuf limites planétaires

  1. Les changements climatiques
  2. L’érosion de l’intégrité de la biosphère (perte de la biodiversité et disparition des espèces)
  3. L’appauvrissement de l’ozone stratosphérique
  4. L’acidification des océans
  5. Les flux biogéochimiques (cycles azote/phosphore)
  6. Les modifications du système terrestre (p.Ěýex., la dĂ©forestation)
  7. La consommation mondiale d’eau douce
  8. La pollution atmosphérique par les aérosols (la présence de particules microscopiques dans l’atmosphère qui affectent le climat et les organismes vivants)
  9. La prĂ©sence de nouveaux composĂ©s (p.Ěýex., les polluants organiques, les substances radioactives, les nanomatĂ©riaux et les microplastiques)

Pour communiquer directement avec la chercheuseĚý:Ěýelena.bennett [at] mcgill.ca.

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